Collapsologie def. : Tout Savoir sur la Science de l’ Effondrement

Collapsologie (def.) : Du latin collapsus (« tombé en un seul bloc »). La collapsologie est l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations. Ce thème est une préoccupation théorique liée à la fois à l’écologie et à l’économie. C’est aussi une préoccupation pratique du survivalisme.

Source : Wiki Liberal


La Collapsologie selon Pablo Servigne et Raphaël Stevens

Première Apparition du Terme en 2015

Le terme de collapsologie apparaît en fait pour la première fois en 2015 dans l’ouvrage de référence sur le sujet, « Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes » par Pablo Servigne et Raphaël Stevens.

Pablo Servigne est un ingénieur agronome français qui a étudié en Belgique avant de s’engager complètement dans des activités liées à la transition écologique.

Pablo Servigne et Raphël Stevens expliquent que le terme de collapsologie a été créé avec une certaine autodérision, en précisant que :

« Le but n’est pas de nourrir le simple plaisir scientifique d’accumulation des connaissances, mais plutôt de nous éclairer sur ce qui nous arrive et qui pourrait nous arriver, c’est-à-dire de donner un sens aux événements.  »

Collapsologie def. par Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans le livre « Comment tout peut s’effondrer : manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes »

Sur Quoi se Base la Collapsologie ?

Pour autant la collapsologie, telle que définie par les auteurs, se base sur des études de l’effondrement qui existaient au préalable. Par contre les auteurs proposent une approche vraiment originale.

Cette approche consiste à utiliser les éclairages scientifiques pour préparer demain. La collapsologie s’appuie notamment sur les publications scientifiques liées aux problématiques de perturbations climatiques, mais également sur les analyses scientifiques concernant la fin du pétrole, ou sur plein d’autres sujets qui affectent notre analyse de l’effondrement.

La collapsologie travaille sur l’élaboration d’un l’état des lieux et d’une analyse systémique de la situation économique et biophysique de la planète. Ainsi, cette étude permet de donner une vue d’ensemble sur ce qu’est un effondrement et notamment sur ses potentiels déclencheurs. Cette discipline permet également d’anticiper les implications d’un effondrement, en termes psychologiques, sociologiques et politiques.

Aller Plus Loin dans sa Connaissance de la Collapsologie

Si vous n’avez pas encore lu « Comment tout peut s’effondrer : manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes » par Pablo Servigne et Raphaël Stevens, je ne peux que vous conseiller de l’acheter. Ce guide a été vraiment structurant pour ma pensée.

J’ai personnellement découvert Pablo Servigne lors de son passage sur la chaîne YouTube ThinkerView. Je vous invite à regarder cette interview passionnante et à suivre la chaîne. Le format permet aux invités de prendre le temps de développer leur pensée.

Interview de Pablo Servigne sur la chaîne ThinkerView

Les interviews se déroulent sans la pression malsaine de la télévision de connivence qui cherche avant tout l’audimat. Et d’un autre côté la communauté veille pour fact-checker tous ce qui est dit par l’interviewé, ce qui donne une pression saine qui évite le « bullshit » habituel de la télévision.


Jared Diamond, le « père » de la Collapsologie ?

Qui est Jared Diamond ?

Jared Diamond est un géographe américain, professeur de Géographie à la célèbre UCLA (University of California Los Angeles). Mais il est également biologiste, historien et géonomiste (1).

Ces spécialisations lui donnent une vision transversale des civilisations et de leur rapport à leur environnement.

Jared Diamond "père" de la collapsologie. Géographe biologiste historien et géonomiste célèbre pour son livre sur le colapse
Jared Diamond © Photo Jared Diamond

Cela lui permet également de tirer des grandes lignes pour comprendre les processus d’effondrement des sociétés à travers l’Histoire et de faire le parallèle avec notre situation actuelle.

Le Best Seller du « Collapse »

Le livre de Jared Diamond « Effondrement – Comment les Sociétés Décident de leur Disparition ou de leur Survie » (Collapse: How Societies Choose to Fail or Survive) est un ouvrage fondateur sorti en 2005.

Dans cet essai Jared Diamond décrit plusieurs civilisations qui se sont effondrées en essayant de comprendre les processus qui ont amené à cet effondrement :

  • La célèbre île de Pâques
  • Les îles Pitcairn en Polynésie
  • Les Anasazis du Sud-Ouest des États-Unis
  • Les Mayas en Amérique Centrale
  • Les colonies Vikings au Groenland

Toutes ces sociétés ont disparues après des dérèglements forts, en particulier climatiques et environnementaux. Sur la base de ces histoires, il fait un parallèle avec des situations contemporaines (Rwanda, Haïti…).

Et analyse les effets du capitalisme et de la mondialisation et les risques d’ effondrement qui peuvent en découler.

Cet ouvrage passionnant est difficilement trouvable mais je vous conseille de le lire si vous arrivez à mettre la main dessus dans un bibliothèque ou si vous le trouvez d’occasion.

Vous pouvez aussi lire « De l’Inégalité Parmi les Sociétés: Essai sur l’Homme et l’Environnement dans l’Histoire« . Cet essai est particulièrement intéressant dans le sens où il met le focus les problématiques environnementales.

Les Limites des Travaux de Jared Diamond

Des spécialistes ont exprimés des désaccords sur certains chiffres ou certaines analyses historiques. Au-delà de ces critiques d’experts, qui semblent toutefois assez limitées en nombre en en impact sur l’analyse globale, une critique des objectifs peut être faite.

En effet, Jared Diamond dresse un tableau intéressant des mécanismes d’effondrement à travers l’Histoire. Il complète avec une analyse contemporaine des risques d’effondrement. Mais cette analyse des circonstances actuelles est beaucoup plus moins poussée que celle des effondrements passés et certaines questions sont ainsi occultées. En effet Jared Diamond concentre son analyse sur les aspects démographiques en approfondissant beaucoup moins la dimension sociale ou économique.


L’Approche Survivaliste de la Collapsologie

Le Survivalisme dans l’Imaginaire Commun

Bien avant de parler de collapsologie, ce qu’on appelle le survivalisme était déjà très implanté. En particulier aux États-Unis.

Le survivalisme est souvent connoté, à la limite de la psychiatrie. On pense à certains américains qui, pendant la guerre froide, s’étaient créé des bunkers pour faire face à une attaque nucléaire de l’URSS.

Cette image est encore très présente dans l’imaginaire commun. Et il est vrai que certains survivalistes sont plus adeptes de flingues que concernés par l’effondrement.

Les nombreux films et séries catastrophes, en particulier celles qui impliquent des zombies, font la part belle au survivalisme viril (pas forcément masculin). Il y a presque un fantasme de l’individu solitaire qui, armé de son courage, de sa b*** et de son couteau, arrive à survivre dans un monde hostile.

Les fictions sur le survivalisme qui nous montrent des zombies et un héro solitaire qui survit dans les bois

Au final le public est plus attiré par l’extrême de la situation, qui a un réel intérêt scénaristique, mais est finalement peu crédible. Il est difficile d’imaginer qu’un effondrement nous amène à devoir survivre dans les bois.

Évidemment le situations extrêmes pourront exister. Et des émissions comme celle de Bear Grylls sont sympa à regarder. C’est intéressant de savoir comment survivre au milieu de la jungle. Mais au final pratiquement aucun d’entre nous n’y sera confronté.

Une Approche Pragmatique et Individuelle de l’Effondrement

Pour autant le survivalisme est beaucoup caricaturé par les fictions et par certains preppers extrêmes qui se caricaturent eux-mêmes.

L’approche survivaliste est en fait très pragmatique et la partie de survie extrême dans les bois est vraiment anecdotique. Le coeur du survivalisme est la résilience face à n’importe quelle situation d’effondrement (plus ou moins grande d’ailleurs).

Le récent exemple du Coronavirus a pu le démontrer. En effet les survivalistes conseillent d’avoir des réserves utiles en cas de besoin. Que ce soit de la nourriture, des médicaments ou des équipements médicaux de base. Ainsi les personnes préparées (survivalistes à leur échelle), avaient suffisamment de nourriture, et même des masques pour ne pas encombrer les supermarchés et mettre les autres en dangers.

Après le survivalisme n’a pas vraiment été théorisé par un spécialiste reconnu. Il y a de tout dans le survivalisme. Peut-être que le dénominateur commun est que le survivalisme est avant tout une démarche individuelle.

Une démarche individuelle ne veut pas dire une démarche égoïste. Après tout si chacun se prépare individuellement cela est utile pour le groupe. Tant que la solidarité n’est pas sortie de l’équation.

Les Limites du Survivalisme face à la Collapsologie

Étant donné que le survivalisme se concentre essentiellement sur la préparation individuelle face à des potentiels dangers extérieurs, cela ne peut pas être suffisant.

En effet l’individualisme inhérent au survivalisme conçoit la société comme une somme d’individus. Des individus avec des ressources accumulées (des réserves, une habitation sécurisée, du terrain…) et des ressources acquises et échangeables (savoir-faire). Chaque individu a donc une valeur sur le marché qu’il peut négocier. Ce modèle est purement libéral (au sens français du terme, libertaire pourrions-nous dire).

Cet individualisme exclut toute solidarité. Il ne prévoit aucun mécanisme de support des plus fragiles. C’est au bon vouloir du fort (le mieux doté, et potentiellement le plus armé), d’accorder le secours à ceux qui sont plus faibles.

De plus le survivalisme, en étant pragmatique et individualiste, se désintéresse d’une analyse plus profonde. La collapsologie donne une vue d’ensemble, donne des directions pour comprendre où nous allons et comment nous pouvons nous préparer en conservant une société solidaire. De son côté le survivalisme part défaitiste et a sorti de son logiciel l’espoir de maintenir une société bienveillante.

On saura malheureusement trop tard qui a raison mais il semble réaliste de concilier ces deux approches.

  • L’analyse et l’anticipation des grands bouleversements, accompagnées d’une préparation politique et sociale d’une société nouvelle (basée sur le respect du vivant et de la planète).
  • Et en même temps une préparation individuelle, que ce soit dans le fait de faire des réserves (pas forcément de façon égoïste mais préventive), d’anticiper les risques en préparant son évacuation et celle de son entourage, ou de se former à des compétences réellement utiles dans une ère post industrielle.

La Collapsologie 5 ans Après l’Apparition du terme

La collapsologie a fait son petit bonhomme de chemin dans la tête de tout le monde. C’est même devenu un terme à la mode.

Collapsologie (def.) : «  Exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur la raison, l’intuition et des travaux scientifiques reconnus. »

Collapsologie def. par Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans le livre « Comment tout peut s’effondrer : manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes »

Il n’est pas trop tard pour devenir un « collapsologue ». En tous cas pour prendre conscience des changements structurants auxquels nous devront faire face.

C’est en ayant conscience du potentiel pire à venir, que l’on pourra prendre les bonnes décisions et construire un meilleur avenir.

Notes

(1) science des rapports entre les sociétés humaines et leur environnement

Photos : Ray Bilcliff sur Pexels / Kevin Phillips sur Pixabay

Noémie Dumas

Noémie Dumas est une maman de 35 ans passionnée par l'écologie et la collapsologie. Noémie a mis en place son petit nid éco responsable et résilient avec sa famille. Dans cet environnement paisible, la famille a tissé des liens fort et a établi, petit à petit, une micro-société bienveillante et résiliente.