COP30 2025 : L'Union Européenne baisses ses objectifs climatiques

L’Union européenne adopte un objectif climatique affaibli pour 2040, à la veille de la COP30

Les ministres européens de l’Environnement ont validé in extremis un compromis sur la réduction des émissions d’ici 2040. Mais le texte final, qui ouvre la porte aux compensations carbone internationales, est jugé trop laxiste par les ONG écologistes.

Un accord à la dernière minute avant la COP30

Sous pression à l’approche de la COP30, l’Union européenne est parvenue à s’accorder sur un objectif climatique pour 2040. Après plus de 20 mois de négociations, les ministres en charge du climat ont approuvé mercredi un compromis visant une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 par rapport aux niveaux de 1990.

Il s’agit du seuil minimal recommandé par les scientifiques pour rester dans les clous de l’Accord de Paris. L’UE s’était déjà engagée à réduire ses émissions nettes de 55 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Une cible « affaiblie » par des mécanismes de flexibilité

Mais derrière l’annonce d’une réduction de 90 %, le compromis contient des clauses de flexibilité critiquées par les ONG. Seuls 85 % de ces réductions seront réalisées sur le sol européen. Les 5 % restants pourront être atteints via des compensations internationales (offsets), un mécanisme qui permet d’acheter des crédits carbone à l’étranger plutôt que de réduire les émissions domestiques.

Pour le Climate Action Network Europe, coalition de 200 ONG, cette mesure « détourne les ressources de la décarbonation locale et compromet l’intégrité de la transition climatique de l’UE ».

Des désaccords entre États membres

Selon Bloomberg, la France et le Portugal ont milité pour introduire cette flexibilité de 5 %, tandis que la Pologne, l’Italie et d’autres pays réclamaient un taux allant jusqu’à 10 %.

Pourtant, un rapport du Conseil scientifique consultatif européen sur le climat, publié plus tôt cette année, avait clairement recommandé de ne pas recourir aux offsets pour atteindre les objectifs nationaux.

Le texte adopté prévoit également la possibilité de réviser à la baisse l’objectif global de 2040 si les puits de carbone naturels (comme les forêts et les tourbières) ne parviennent pas à séquestrer autant de CO₂ qu’anticipé.

Une échappatoire déguisée, selon les ONG

Pour le WWF Europe, cette clause constitue une « porte de sortie » inacceptable. Elle permettrait aux États membres de justifier une moindre ambition en cas d’échec dans la protection de leurs puits de carbone.

« Les États affirment avoir validé un objectif à 90 %, mais c’est une illusion. Si l’on enlève les offsets et la clause de sauvegarde sur les puits de carbone, la réduction réelle sera en dessous de 85 % », dénonce Michael Sicaud-Clyet, chargé de politique climatique au WWF UE.

« L’Union devrait montrer l’exemple, pas chercher des échappatoires », ajoute-t-il.

Un retard global qui inquiète les scientifiques

L’Accord de Paris, signé il y a près de dix ans, visait à limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C, voire « bien en dessous de 2 °C », par rapport aux niveaux préindustriels. Mais les engagements actuels des pays sont largement insuffisants.

Les trajectoires d’émissions mondiales actuelles mènent à un réchauffement compris entre 2,6 et 3,1 °C d’ici la fin du siècle, selon les derniers rapports des Nations unies.

Des plans climatiques nationaux encore très incomplets

À quelques jours de la COP30, moins de 70 pays ont soumis leur plan climat actualisé pour 2035 (connu sous le nom de « contributions déterminées au niveau national » ou NDC). Ensemble, ces pays ne représentent qu’environ un tiers des émissions mondiales.

Selon l’ONU, ces engagements permettraient tout au plus une réduction de 17 % des émissions d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2019. Or, les scientifiques estiment qu’il faut baisser les émissions de 43 % d’ici 2030, et atteindre un pic mondial au plus tard en 2025, pour espérer rester sous la barre des 1,5 °C.

Un message brouillé à la veille d’une conférence cruciale

L’objectif européen pour 2040, présenté comme ambitieux, manque de clarté et de rigueur selon les ONG. En introduisant des mécanismes d’ajustement et de flexibilité, l’UE envoie, selon elles, un signal brouillé à ses partenaires internationaux.

Alors que la COP30 doit marquer un tournant dans la lutte climatique mondiale, la crédibilité de l’Union comme leader climatique est remise en question.

Noémie Dumas

Noémie Dumas est une maman de 35 ans passionnée par l'écologie et la collapsologie. Noémie a mis en place son petit nid éco responsable et résilient avec sa famille. Dans cet environnement paisible, la famille a tissé des liens fort et a établi, petit à petit, une micro-société bienveillante et résiliente.