Comment Atteindre l’Autonomie Alimentaire

Pour vivre en autosuffisance, il faut pouvoir se nourrir par ses propres moyens, de préférence sainement et à moindre coût. Cela peut sembler difficile. Cependant, il existe un concept, l’autonomie alimentaire, qui permet d’atteindre cet objectif.

  1. Qu’est-ce que l’autonomie alimentaire?
  2. La permaculture
  3. Les serres urbaines
  4. L’aquaponie

Qu’est-ce que l’autonomie alimentaire?

L’expression « autonomie alimentaire » suppose la création d’un système local de production et de distribution de nourriture saine, disponible pour tous et de préférence pour les personnes sujettes à l’insécurité alimentaire, en dehors des barrières posées par le marché et par les programmes d’aide alimentaire gouvernementaux. En d’autres termes : produire et distribuer de la nourriture gratuite à ceux qui en ont besoin de manière durable.

L’autonomie alimentaire est non seulement une solution à l’insécurité alimentaire, mais aussi au système agricole industriel qui est écologiquement destructeur, menant à la pollution de l’eau, la destruction des sols, et qui dépend des énergies fossiles et des fragiles chaînes de distribution mondiales.

L’autonomie alimentaire est fondée sur quatre concepts essentiels :

  • L’accès pour tous à une quantité suffisante de nourriture de qualité et de ressources alimentaires, à un prix raisonnable;
  • Le pouvoir, dans le sens de la capacité de produire ou d’acheter, en toute dignité, une variété d’aliments sains qui sont aussi à notre goût. On doit donc bien s’informer et bien s’équiper pour faire de bons choix.
  • Le respect de la nature, de l’environnement, des communautés, des quartiers et des modes de vie. Ainsi, on doit mettre en place une gestion éco-responsable des ressources et l’équité dans la manière dont ces ressources sont partagées entre tout le monde.
  • L’action. Cela inclut de mettre en place une variété de méthodes, collectives et individuelles, afin d’obtenir une véritable autonomie alimentaire. Cela implique aussi l’émancipation et l’indépendance dans l’esprit de respecter les autres et les environs.

Il existe plusieurs méthodes pour atteindre l’autonomie alimentaire. Dans cet article, nous allons en détailler trois: la permaculture, les serres urbaines et l’aquaponie.

La permaculture

atteindre l'autonomie alimentaire grâce à la permaculture

La permaculture est un système durable focalisé sur la formation d’une relation harmonieuse entre les gens, les plantes, les animaux et les sols, relation bénéfique pour toutes les parties impliquées. Les permaculteurs ont pour objectif de créer des paysages d’agriculture qui s’alimentent tout seuls indéfiniment en régénérant la fertilité. La permaculture utilise l’écologie comme fondation principale pour concevoir des systèmes de production alimentaire naturels unis à des habitats humains.

Un jardin de permaculture se base sur le concept de concevoir son jardin en fonction de l’environnement local. La conception d’un jardin de permaculture prend en compte les besoins de l’écosystème et du climat naturels en plus de satisfaire les besoins humains. Faire un jardin de permaculture implique aussi d’accorder une grande importance à graduellement améliorer la qualité du sol avec des nutriments pour constamment redynamiser la terre tout en renforçant la santé des plates cultivées. Les trois principes de base de la permaculture sont : prendre soin de la Terre, prendre soin des gens et ne prendre qu’une part équitable (et rendre tout surplus). Ces trois principes sont analysés plus en profondeur dans l’article L’Éthique de la Permaculture.

Il existe huit techniques de base pour commencer un jardin de permaculture durable.

  1. Se familiariser avec son environnement. Se familiariser avec les plantes déjà présentes, les insectes et les prédateurs qui habitent la région et la zone de plantation. Observer quelles parties du jardin reçoivent le plus de soleil. Identifier les pentes dans le paysage qui pourrait faire que l’eau de pluie forme une flaque. Il y a-t-il des particularités uniques dans la zone du jardin qui pourraient être bénéfiques ? Par exemple, il pourrait déjà y avoir de grandes plantes qui peuvent servir de treillis vivant pour une nouvelle plante dans le système de permaculture.
  2. Choisir les plantes en fonction de l’environnement. Il faut faire des recherches pour savoir quelles plantes annuelles et vivaces vont bien pousser dans votre environnement. Il est préférable de faire pousser ensemble plusieurs plants, certains qui attirent des insectes bénéfiques, d’autres qui repoussent les nuisibles et qui fertilisent naturellement le sol. On recommande aussi de planter des fleurs qui vont attirer des papillons, de faire pousser des herbes qui vont repousser les insectes qui peuvent endommager les arbres fruitiers et de choisir des plants d’engrais vert fixateur d’azote qui vont avec le temps graduellement augmenter les nutriments dans le sol.
  3. Dessiner l’agencement du jardin. Après les deux premières étapes, on a les informations nécessaires pour planifier le design du jardin. Au cours de ce processus, il faut prendre en considération les besoins en luminosité, les sources d’eau et le panorama pour déterminer l’emplacement de chaque type de plantes et regrouper celles qui ont des besoins similaires. On peut empiler les plantes pour maximiser l’espace : les plantes herbacées en protection, les arbustes pour la couche du milieu, et les arbres tout en haut.
  4. Construire des parterres. Les parterres sont idéaux pour un jardin de permaculture, parce qu’ainsi il n’est pas nécessaire de labourer, et donc les nutriments restent intacts. Les parterres devraient être entre 15cm et 30cm au-dessus du sol. Il est aussi possible d’avoir recours au paillage, c’est-à-dire de placer sur le sol une couverture constituée de matériaux compostables comme des feuilles, de la paille, du carton, des copeaux de bois…
  5. Planter son jardin. Au début, on peut faire pousser les plantes les plus grandes en premier. Ainsi, il y aura déjà de l’ombre pour les plantes plus petites, sensibles à une exposition directe au soleil.
  6. Ajouter une couche de paillis à la terre. L’utilisation de désherbants industriels ne s’aligne pas avec les principes de la permaculture. Il faut donc ajouter une couche de paillis après avoir planté pour supprimer les herbes et garder le sol humide.
  7. Ajouter du compost sans déranger le sol. Il faut éviter les engrais chimiques et à la place utiliser du compost fait de matières organiques. On peut utiliser du fumier et des déchets de cuisine, récoltables facilement grâce à une poubelle à compost. Les déjections de vers de terre sont également une bonne option. Elles sont extrêmement riches en nutriments et apporter des microbes bénéfiques au sol.
  8. Utiliser un système d’arrosage durable et efficace. Prenez soin d’utiliser le minimum d’eau nécessaire pour que le jardin fleurisse. Un système de goutte-à-goutte est un bon choix pour apporter l’eau à la terre avec un minimum d’évaporation. On peut aussi recycler l’eau de pluie collectée dans les gouttières et l’utiliser pour le jardin.

Les serres urbaines

atteindre l'autonomie alimentaire grâce aux serres urbaines

Même les personnes vivant en zone urbaine peuvent atteindre l’autonomie alimentaire. En effet, les serres urbaines donnent aux personnes ayant un espace limité la liberté de produire leur propre nourriture. Il est possible de créer rapidement sa propre ferme depuis son arrière-cour, son toit ou son balcon en installant une mini serre.

Les serres urbaines font partie des meilleures petites serres parce qu’elles ne nécessitent pas beaucoup d’espace. On peut installer des petites serres qui vont entrer dans des espaces réduits.

On peut attacher une serre au balcon avec l’aide de grilles. ‎Des serres étroites permettront de cultiver des herbes et des légumes dans des espaces limités qui ne sembleraient autrement pas adaptés à l’agriculture urbaine.‎

En général, les serres sont faites en aluminium, matériel recyclable à l’infini ! C’est donc un équipement durable qui ne craint pas la rouille. Il est possible d’en construire une soi-même ou d’en acheter.

Quelques conseils pour profiter au maximum de sa serre urbaine :

  • Choisir les bonnes plantes. Les légumes et les herbes sont parmi les meilleures plantes pour les serres urbaines. Ces plantes sont meilleures lorsqu’elles sont fraîches. Elles sont également faciles à planter et à entretenir.‎
  • Le bon environnement. Il faut s’assurer que les plantes bénéficient du bon environnement. L’un des plus grands avantages des serres est qu’il est facile de contrôler les conditions de croissance de vos plantes. Il est donc facile de s’assurer qu’elles ont l’humidité, la température et la lumière appropriées.‎
  • Facile à installer et à entretenir. Il est préférable de choisir une serre urbaine facile à installer et à entretenir. Une serre faite maison (DIY) remplit ces critères parce qu’il n’y a pas besoin de compétences ou d’outils pour l’assembler.‎
  • La ‎portabilité. Si vous devez déplacer votre serre de temps en temps, sélectionnez une serre légère.‎
  • L’‎espace. L’espace disponible déterminera quel type de serre acheter, c’est-à-dire une serre qui s’intégrera facilement dans votre espace.‎

L’aquaponie

atteindre l'autonomie alimentaire grâce à l'aquaponie

L’aquaponie est une combinaison d’aquaculture (pisciculture) et d’hydroponie (culture de plantes dans une solution nutritive). On peut créer un jardin autonome avec un espace et des ressources limités pour cultiver des aliments avec l’aquaponie. Un système d’aquaponie simple implique la culture de plantes et l’élevage de poissons à l’aide de bactéries bénéfiques. Ces composants travaillent en symbiose pour créer un système d’aquaponie efficace.‎

‎En aquaponie, les plantes sont cultivées dans le lit de culture et les poissons sont placés dans l’aquarium. L’eau de l’aquarium qui contient des déchets de poisson est acheminée vers le lit de culture, où des milliards de bactéries bénéfiques naturelles décomposent l’ammoniac en nitrites, puis en nitrates. Les plantes absorbent ces nitrates et d’autres nutriments pour les aider à se développer. En retour, les plantes nettoient et filtrent l’eau du système. L’eau fraîche, propre et oxygénée recircule ensuite vers l’aquarium, où le cycle recommencera.‎

Un système d’aquaponie peut être installée n’importe où, à l’intérieur, dans la cour ou dans un environnement contrôlé comme une serre. Le système peut être fait maison en utilisant des matériaux recyclables‎‎ ; sinon, il est toujours possible d’en acheter un.

Avant d’installer un système d’aquaponie, il faut prendre en compte son environnement. En effet, il faut savoir que l’humidité sera plus importante à l’endroit où se trouvera le système, car le débit d’eau étant constant, il faudra lutter contre l’évaporation naturelle en augmentant l’humidité dans l’espace. De plus, ‎l’aquarium peut fuir et donc la zone où se trouve le système peut être mouillée. Il faut se préparer à l’avance à un déversement.‎ Enfin, il faut prendre soin de l’éclairage. Les plantes ont besoin de lumière pour pousser ; cependant, les poissons ont besoin de périodes d’ombre et de lumière. Il faut prévoir une luminosité qui permettent à tous de s’épanouir, que le système soit installé à l’intérieur ou à l’extérieur.

Une fois le système installé, il faudra surveiller tous les jours la température ainsi que les taux d’ammoniac, de nitrites et de nitrates dans l’eau. Il faudra aussi nourrir les poissons tous les jours et prendre soin des plantes dans un jardin ordinaire, c’est-à-dire ouvrir l’œil pour détecter les maladies des plantes et les insectes.

Pour choisir une méthode et la mettre en pratique, il faut prendre le temps de bien se renseigner. Mais on peut toujours acheter des produits locaux et de saison auprès de maraîchers qui cultivent des produits bio afin de les encourager.

Images: Photo de Karolina Grabowska provenant de Pexels; Photo de MART PRODUCTION provenant de Pexels

Sources : Capsule_1_ENG.pdf (rccq.org) ; How to Start a Permaculture Garden in 8 Steps ; The Best Urban Greenhouses For Home Gardeners ; The Ultimate Aquaponics Beginner’s Guide

Noémie Dumas

Noémie Dumas est une maman de 35 ans passionnée par l'écologie et la collapsologie. Noémie a mis en place son petit nid éco responsable et résilient avec sa famille. Dans cet environnement paisible, la famille a tissé des liens fort et a établi, petit à petit, une micro-société bienveillante et résiliente.