recycler le plastique chez soi

Recycler le Plastique Chez Soi ? Une Utopie Devenue Réalité Dans 56 Pays

En 2023, 1 400 tonnes de plastique ont été recyclées… sans usine, sans multinationales, et sans brevets. Juste avec quelques machines open-source, une plateforme en ligne, et des milliers de citoyens motivés.

Bienvenue dans l’univers de Precious Plastic, une initiative née aux Pays-Bas qui essaime aujourd’hui dans 56 pays — et prouve qu’une autre approche du recyclage est possible.

Un étudiant, une idée… et une révolution en marche

Tout commence en 2014. Dave Hakkens, jeune étudiant en design à Eindhoven, publie en accès libre les plans d’une machine artisanale pour recycler le plastique. Son ambition : rendre le recyclage accessible aux communautés locales, partout dans le monde.

Le concept est simple : créer des machines faciles à reproduire, réparer, et améliorer avec des matériaux standards. Quelques mois plus tard, trois personnes reproduisent indépendamment ses machines. La communauté Precious Plastic est née.

Un projet open-source, une mission globale

Ce qui rend Precious Plastic unique, c’est sa philosophie de transmission radicale : tutoriels, outils, plans, designs… tout est gratuit et en open-source.

Objectif : apprendre à fabriquer plutôt que consommer, comme le dit leur mantra inspiré du fameux “Donne un poisson à un homme…”

Aujourd’hui, plus de 2 000 initiatives enregistrées à travers le monde utilisent ces machines pour recycler, sensibiliser, créer et même entreprendre.

Un réseau mondial d’initiatives locales

Ce n’est pas qu’un projet de makers : Precious Plastic a servi de tremplin à de vraies entreprises sociales.

  • 🇸🇬 À Singapour, Plastify transforme les déchets médicaux en objets vendus pendant le Grand Prix de F1.
  • 🇮🇹 À Turin, Plastiz recycle feux rouges, capsules de café et autres déchets en panneaux design.
  • 🇺🇦 En Ukraine, malgré la guerre, No Waste Ukraine cherche à faire du tri des déchets une norme culturelle et une fierté nationale.

Le plastique : un fléau encore loin d’être dompté

Malgré ces projets inspirants, la réalité est brutale : seulement 9 % du plastique mondial est recyclé. Le reste finit dans les décharges, les océans, ou les corps des animaux — et désormais, dans ceux des humains.

Une étude italienne de 2025 a détecté des microplastiques dans les ovaires de plusieurs femmes, soulevant de nouvelles inquiétudes sur la fertilité.

Et pendant que les plastiques vierges restent bon marché, les filières de recyclage peinent à se développer. Résultat : peu d’investisseurs, peu de structures viables, peu de volonté politique.

DIY, mais pas sans limites

Le modèle Precious Plastic repose sur une énergie rare : le bénévolat. “À une époque, nous étions douze à travailler tous les jours gratuitement,” raconte Jerry de Voos, designer impliqué dans le développement de la version 3 des machines.

Mais tout le monde doit payer son loyer. Et après chaque nouvelle version, l’activité retombe faute de financements. Aujourd’hui, la version 5 est en pause.

Pourtant, les machines sont là, prêtes à servir. “N’importe qui peut reprendre le flambeau,” affirme de Voos. Et c’est déjà le cas un peu partout dans le monde.

Recycler ne suffira pas : il faut changer le plastique lui-même

Même avec des milliers de mini-ateliers dans le monde, le recyclage ne pourra jamais suivre le rythme effréné de la production plastique actuelle : 460 millions de tonnes par an, selon l’ONU.

Pire, la plupart des plastiques sont mal conçus pour être recyclés. Impossible de créer une boucle fermée sans repenser entièrement la chaîne, de la conception à la fin de vie.

Mais les alternatives existent : en Angleterre, Notpla propose des emballages comestibles. Au Japon, un plastique biodégradable en mer fait déjà ses preuves. La clé : passer d’un modèle linéaire à un modèle circulaire — dès la création.

Un traité mondial, ou la victoire des communautés ?

Un espoir subsiste : un traité international sur le plastique est en négociation pour août prochain. S’il voit le jour, il pourrait imposer un design plus circulaire, ouvrir des financements, et structurer un vrai marché.

Mais s’il échoue ?

Alors, comme le montre Precious Plastic, ce seront encore les bricoleurs, les associations, et les citoyens du monde qui prendront le relais — visseuse en main et recyclage en tête.

Noémie Dumas

Noémie Dumas est une maman de 35 ans passionnée par l'écologie et la collapsologie. Noémie a mis en place son petit nid éco responsable et résilient avec sa famille. Dans cet environnement paisible, la famille a tissé des liens fort et a établi, petit à petit, une micro-société bienveillante et résiliente.