L’année 2025 est en passe de figurer parmi les trois années les plus chaudes jamais mesurées, selon les prévisions publiées jeudi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU. Elle prolongerait ainsi la tendance alarmante de réchauffement rapide que connaît la planète depuis une décennie.
Une décennie de records ininterrompus
Selon l’OMM, « les onze années allant de 2015 à 2025 seront, individuellement, les onze années les plus chaudes de toute la série d’observations débutée il y a 176 ans », avec les trois dernières années occupant les trois premières places du classement.
Cette chaleur extrême a déjà eu des conséquences marquantes dans de nombreuses régions du monde. En 2024, certaines zones ont connu des températures dépassant les 50°C. Le Japon, le Royaume-Uni et l’Espagne ont chacun connu leur été le plus chaud jamais enregistré. Même les pays nordiques européens, habituellement épargnés par de telles vagues de chaleur, ont subi des épisodes prolongés et inédits. Pour les chercheurs, ces anomalies sont directement liées à la combustion des énergies fossiles.
La chaleur extrême, symptôme d’un climat déréglé
L’intensification de la chaleur extrême est en effet une conséquence directe du réchauffement climatique, lui-même provoqué par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine : utilisation d’énergies fossiles, déforestation, agriculture intensive ou encore industrie lourde. Ces gaz emprisonnent la chaleur à la surface de la Terre, entraînant des vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues et plus intenses.
Une étude inédite publiée en septembre a mis en évidence que les plus grands producteurs mondiaux de combustibles fossiles et de ciment ont contribué à aggraver des centaines de vagues de chaleur à travers le monde depuis le début du siècle.
Les concentrations atmosphériques des trois principaux gaz à effet de serre – dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N2O) – ont atteint de nouveaux records en 2024. Or, en raison de leur grande longévité dans l’atmosphère, le monde est désormais engagé sur une trajectoire de réchauffement à long terme.
Des gaz à effet de serre toujours en hausse
« La chaleur piégée par le CO2 et les autres gaz à effet de serre alimente notre dérèglement climatique et aggrave les événements météorologiques extrêmes », a expliqué le mois dernier Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l’OMM. « Réduire les émissions est donc essentiel, non seulement pour notre climat, mais aussi pour notre sécurité économique et le bien-être de nos sociétés. »
Les océans absorbent la majorité de la chaleur
Si la majorité de la chaleur piégée reste dans l’atmosphère, environ 90 % est absorbée par les océans. Or, selon l’OMM, le contenu thermique des océans a à nouveau dépassé un record historique en 2024, prolongeant la tendance déjà observée l’année précédente.
Ce réchauffement océanique intensifie les phénomènes tels que les vagues de chaleur marines, avec des conséquences dramatiques sur les écosystèmes marins : blanchissement des coraux, acidification des océans, montée du niveau de la mer, perturbation des courants marins, mortalité massive d’espèces et apparition de zones mortes dues à la diminution de l’oxygène dissous.
L’objectif des 1,5 °C devient quasiment hors de portée
Alors que les dirigeants mondiaux se préparent à discuter des prochaines étapes dans la lutte contre le changement climatique lors de la COP30, qui se tiendra à Belém, au Brésil, la secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo, a déclaré qu’il est désormais « pratiquement impossible » de limiter le réchauffement à 1,5°C « sans dépasser temporairement ce seuil ».
Ce constat intervient quelques jours après que les Nations unies ont publié un rapport indiquant que les engagements actuels de réduction des émissions mèneraient à une baisse de seulement 17 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2019. Un chiffre bien en deçà de l’objectif de réduction de 43 % d’ici 2030 nécessaire pour rester dans les clous de l’Accord de Paris.
Un sursaut est encore possible
Malgré tout, Celeste Saulo a tenu à souligner qu’il reste « tout à fait possible et essentiel de faire redescendre les températures vers 1,5°C d’ici la fin du siècle », à condition que les pays « agissent avec une vitesse et une ampleur exceptionnelles ».



